L'Ange et le Diable: Paolo Pandolfo à Dumbarton Oaks
Cet article est une traduction d'un compte rendu que j'ai écrit en anglais. If you want to read this review in English, go here.
Musica Alta Ripa at Dumbarton Oaks (May 10, 2005) Dumbarton Oaks (May 9, 2005) |
Paolo Pandolfo jouait avec le meilleur gambiste de notre époque, Jordi Savall, et le groupe Hesperion XXI. Il a eu une carrière solo depuis, et il enseigne et dirige son propre ensemble. Avant son travail avec Savall, au Schola Cantorum Basiliensis (Basel, Suisse), Pandolfo faisait des études avec Enrico Gatti et Rinaldo Alessandrini, et il a fait des enregistrements avec Savall, Alessandrini, et Fabio Biondi. C'est un CV impeccable, et samedi soir les attraits de son jeu étaient bien évidents, pendant ce tour de la musique des trois géants de la viole française.
L'art de la viole de gambe était principalement l'invention d'un grand maître de la dernière moitié du 17e siècle, Monsieur de Sainte-Colombe. Il était fort mais aussi jaloux des secrets de son art. L'excellent film Tous les matins du monde a montré la scène, quasiment historique, avec le jeune musicien Marin Marais qui, aussi rusé qu'Ulysse, se cachait dans l'atelier de son maître sévère pendant une répétition pour apprendre son art à fond. La première moitié du concert était une mélange des œuvres du maître et de son étudiant.
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Sauf le prélude, Thomas C. Boysen a joué avec Pandolfo, avec soit sa guitare baroque ou théorbe, et une jeune claveciniste française, Marie Gelis. Les deux ont bien contribué, mais Pandolfo était la voix centrale de cet ensemble. Dans ce rôle et avec beaucoup d'humour, il nous a introduit les deux morceaux célèbres de Marin Marais, avec d'abord La Labyrinthe, une suite descriptive qui raconte une mélodie naïve en la majeur qui se perd dans une labyrinthe de tonalités étrangères. L'ensemble dirigé par Pandolfo, Labyrinto, a pris son nom, je crois, de ce morceau de musique. C'est une musique tout à fait baroque -- dramatique, spirituelle, pétillante, toujours changeante, et pénétrée de la danse -- et visiblement chère à Pandolfo. Accompagné du théorbe et le clavecin, la mélodie perdue de Pandolfo se lancait en exulation, se plaignait et frissonnait en désespoir, demandait, répondait, errait partout. Le jeu de Pandolfo était un exemple excellent du pouvoir expressif, presque vocal, de la viole. A la fin, c'était un plaisir de suivre cette pauvre mélodie par une petite glissade pour retrouver la majeur. La chaconne finale, une basse énigmatique différente de la tétracorde traditionelle en mineur, était merveilleuse. L'hommage musical de Marais à son maître disparu, le Tombeau de Mr. de Sainte-Colombe, dans lequel on remarque des passages qui citent des œuvres du maître, a bien terminé la première moitié du concert.
Thomas Boysen nous a donné deux morceaux pour théorbe au commencement de la deuxième moitié, un prélude et une chaconne en rondeau de Robert de Visée, le professeur de guitare et luteniste de Louis XIV (ou comme Boysen a dit, avec beaucoup de charme en anglais accenté, "Ludwig XIV"). Le travail de ce compositeur était de suivre le Roi de France pendant sa journée, en marchant derrière lui ou assis près de lui, et de jouer pour divertir l'oreille royale. Boysen a nommé de Visée "le premier Walkman du monde," une blague qui a fait beaucoup rire. Cette chaconne était la troisième de quatre chaconnes du concert. Toujours intéressante et très bien jouée, cette musique était inférieure aux morceaux des maîtres de la viole, indiquant que les rigeurs du poste occupé par de Visée n'étaient probablement acceptable qu'à un compositeur de petit talent.
Antoine Forqueray, Pièces de Viole avec la Basse, Book 1, Suites 1-5, Paolo Pandolfo, with Guido Balestracci, Eduardo Eguez, Rolf Lislevand |
Pour trouver les enregistrements de Paolo Pandolfo, y inclus les œuvres mentionnés ici, il faut s'adresser directement à Glossa. J'aimerais beaucoup les écouter tous.
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